Au théâtre, Cyrano or not Cyrano ?

Au théâtre, Cyrano or not Cyrano ?

Le plus Frenchy des personnages de théâtre, Cyrano de Bergerac, reprend du service au Théâtre Michel, rue des Mathurins, à partir du 19 octobre. Monument de la culture française en cinq actes et en alexandrins, ce classique est au théâtre ce que les Trois Mousquetaires sont au roman, et Carmen à l'opéra. Une formidable soirée vous attend, d'autant que « Théâtre in Paris » propose désormais à nos amis anglophones un surtitrage qui leur ouvrira les portes de cet univers baroque où l'on aime sans espoir, où l'on se bat pour un mot, où « c'est bien plus beau lorsque c'est inutile ».

Quel Panache !

Tous les grands acteurs ont tenté, à un moment de leur carrière, d'imprimer leur marque aux déclarations enflammées, signées Rostand, d'un Cyrano plus vrai que son modèle historique. Sorano, Weber, Belmondo, Depardieu, Torreton... Aucun ne l'a fait sans trembler, tant le « Panache » du bretteur indomptable fait, à chaque époque et encore aujourd'hui, vibrer la salle à l'unisson. Si l'on devait résumer la culture française en quelques oeuvres, cette histoire d'amour contrarié, ce feu d'artifice de bons mots, cette jubilation du verbe où l'on compose des sonnets en se battant en duel devrait figurer en première place, pas loin du Cid, et juste avant Dumas, Hugo et Brassens.

On pourrait dire bien des choses en somme

Cyrano défie un mauvais acteur de quitter les planches, tue un homme qui se moque de son nez, aime enfin, lui le ver de terre, le difforme, le protubérant, la plus brillante, la plus fine, la plus blonde, Roxane ! c'est-à-dire la Précieuse, l'élégante, la superficielle. Mais doté d'un « nez qui d'un quart d'heure en tous lieux le précède », il préfère aider le beau Christian à la conquérir. Il aime par procuration, car il a de l'esprit. Fier ? Assurément. Courageux ? Téméraire, même. Poète ? Il ne parle pas d'amour ma chère, il en disserte ! Cent hommes contre lui ? Qu'est-ce que cela, quand on est porté par les ailes de l'illusion. Cyrano préfère le monde tel qu'il le rêve au monde tel qu'il le voit, dans la laideur des lâchetés et la petitesse des compromis. « Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul ». Le voilà, le génie français, si contraire au pragmatisme, si difficile à exporter.

Welcome au surtitrage

C'est pour permettre au public étranger - pour l'instant anglophone - de goûter un peu les joies de ce théâtre français que la start'up Théâtre In Paris a mis au point un système de surtitrage en temps réel. Depuis longtemps utilisé à l'opéra, il n'avait jamais été adapté aux oeuvres théâtrales, beaucoup plus prolixes. Mais grâce à des traducteurs spécialistes du répertoire, le théâtre Michel, écrin italien proche du Palais Garnier, vous propose de déguster votre Cyrano dans des fauteuils adaptés à la lecture des surtitres, agrémenté avant le spectacle d'une présentation en anglais de la pièce, d'un programme traduit et, certains soirs, d'une rencontre avec les artistes. D'autres prestations complémentaires ou sur mesure sont également prévues. Comment dit-on « Panache » en anglais ?

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• Cyrano de Bergerac, à partir du 5 octobre
Théâtre Michel
38, rue des Mathurins, Paris 8ème
Tel Billetterie : 0033 (0)1 42 65 35 02
Métro : Havre-Caumartin, lignes 3 et 9

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Crédits photographie : wikimedia commons / Mu

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